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5 novembre 2012

grand raid Réunion; Diagonale des Fous 170km 10 890D+, le 19-20-21 octobre 2012

 

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http://www.youtube.com/watch?v=RaH3ZuylyiY

 

Depuis quelques jours déjà, Météo France émet des alertes sur le cyclone "Anaïs" qui se dirige droit vers l'île à la vitesse de 950km/jour. Le Grand Raid va-t-il être annulé, reporté ? Ce qui est sûr, c'est que cette année il faudra être encore plus fou pour y participer.

 

Au programme, 170km, 10 890m de D+, et à cause d'Anaïs, la quasi-certitude d'avoir de la pluie.

 

Profil-du-Grand-Raid

Je poursuis mon programme : acclimatation et quelques randos histoire de... je commence également mon mode gavage ; pâtes matin, midi et soir en plus des repas normaux, malgré tout sans oublier la potion magique locale ! 

 

 

 

Mercredi 17 octobre, direction le stade de la Redoute (que j'espère retrouver le 21 au plus tard) pour le traditionnel défilé de mode de remise des dossards, dernier moment pour papoter avec des connaissances du parcours ou autres produits miracles de dernières minutes. Une fois le précieux sésame en poche et la distribution de cadeaux sponsors, direction la maison. Préparation du sac, chaussures, tenues et ravitos à donner à Cilaos, dernier repas, un p'tit somnifère et au lit objectif : dormir au moins 18h00.

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Jeudi 18 octobre, bon et bien à 9h00 le coq chante, les yeux sont ouverts, donc p'tit déj' + pâtes + somnifère et re-dodo (cette fois-ci pas la bière locale qui s’appelle aussi dodo), pour quelques heures encore avant que la chaleur ne me réveille à nouveau. 13h, j'en profite pour déjeuner, re-cachet et re-dodo jusqu'à 17h00. Le réveil sonne et donne le ton d'une ou plutôt, plusieurs journées marathon. J'avale une dernière ration de pâtes, j'enfile mes affaires et je saute dans mes baskets et hop c'est parti. Pierre arrive à la maison, maintenant direction Saint Philippe à Cap Méchant, lieu de départ de la course, il faut 1h30 de route, la nuit tombe. Passage à Saint Louis, nous tombons dans les embouteillages, les palpitations se font ressentir, de longues minutes de stress : "et si nous n'arrivions pas à temps ?!" Ouf, la situation se débloque. Encore quelques longues minutes de route et nous y voilà. Dernier passage de crème sur les cuisses et sur les pieds. Le dossard fixé, caméra parée, GO, direction les sas de départ, on se fraye un passage, dernières photos et dernier au revoir, on laisse Marie et Olivier ici, on ne les reverra plus qu'à Cilaos... dans 12h environ. Les larmes d'émotion montent… Allé, on y va sinon je vais chialer. Arrivé devant la vérification, couverture de survie, montre, frontale + piles de rechange, barres énergétiques, K-way et puce ! Tout est bon ! Je bascule dans la course. Petite vidéo après la vérification des sacs, une petite incruste jusqu'au pied du podium, mais nous sommes encore à 70m de la ligne de départ, mais bon ce n'est pas grave, on doublera plus tard ^^

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Petit film de l'ambiance de départ, le battement de mon cœur se fait ressentir dans tout mon corps. 30min d'attente dans une ambiance festive entre djembé et autres musiques, seulement 30min et les fauves sont lâchés pour 2 jours de folie. On se croirait dans une discothèque avec toutes ces frontales qui scintillent.

 

tambours

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Départ :

 

22h00 Le décompte est lancé 5, 4, 3, 2, 1.... et feux d'artifice !!!! Génial, il fait bon, on va s'éclater ! 1 an d'attente, 1 an de préparation en tout genre et maintenant on y est !

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Les spectateurs forment un tunnel d'applaudissement, on se sent porté, mais il faut être vigilant, ne pas s'enflammer. Les 5.5km de bitume s'avalent comme un rien... on commence dès maintenant à remonter afin de ne pas rester bloqué plus tard lors

 du passage en single trace de la montée du volcan. Malheureusement, au bout de 15min de course, la pluie s'invite à l'anniversaire (20ème édition du Grand Raid), fine certes, mais pluie quand même ! On se pose la question, veste, pas veste ? Finalement on continue sans rien...la chaleur environnante est trop importante pour se couvrir maintenant. Bon au bout de cette portion de route, on commence la grimpette direction Chemin de Ceinture, pour une montée sur une piste forestière jusqu'au premier pointage du Grand Raid : 214m de montée, tranquille, pointage en 114ème place, satisfait. Là, on attaque la montée dans les cannes à sucre en sautant d'un côté à l'autre du chemin afin de doubler les quelques concurrents partis trop vite. Au fur et à mesure de l'ascension de Foc-Foc au volcan, la végétation change, elle devient plus rase, moins dense, la pluie redouble et le brouillard fait son apparition. Le début de la galère... la piste forestière disparait pour laisser place à ce fameux single trace, enchevêtré de racines, et de pierres rendues glissantes par la pluie. Pierre accélère, je ne peux suivre, au même moment les crampes font leurs apparitions en haut des cuisses, je serre les dents, je force, elles passent mais ça ne s'annonce pas bien fort. La montée du volcan va être longue. J'en profite pour m'arrêter prendre mon K-way, ainsi que les gants car maintenant nous sommes sortis des champs de cannes qui nous abritaient : ça caille ! J'essaye de faire abstraction des coureurs qui me doublent de part et d'autres. Le temps déroule, Foc Foc est en vue, le moral est là, le physique est un peu revenu, heureusement, je pointe en 132ème position après une montée de 2236m et un peu plus de 4h50 de course. Petit ravito, un coca, un peu de grignotage et c'est reparti. Je me lance dans les grandes étendues du volcan, je recommence à doubler :) je me retrouve seul, je cherche un peu la route à suivre, pas facile, le brouillard est dense. D'un coup, la végétation devient intense, je me retourne, je me suis perdu ! Aucune lumières aux alentours, mince. Je scrute à droite et à gauche, d'un coup j'aperçois une lueur au loin. Je recoupe donc au travers et reviens sur le chemin... ouf, première alerte, j'espère la seule. 

 

 

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Vendredi 19 octobre, le jour se lève, la pluie fine se fait de plus en plus intense alors que je prends la direction de Piton Textor. Physiquement beaucoup mieux, je remonte les concurrents un à un. Le brouillard est de mise quand j’arrive à hauteur d’une féminine, on discute un peu, elle est régulièrement applaudie et visiblement connue : Corinne… !?! J’ai mis un moment pour comprendre qu’il s’agissait de Corinne Favre, une des meilleures trailleuses actuelle, même si elle se remet peu à peu de son accident. Je passe devant sur cette longue portion de route en béton et je lui dis de me suivre, mais elle me répond, « file ! », «  OK. Bon courage ».


 Il est 5h du mat’ quand je pointe à Textor en 107ème position, 42ème kilomètres (altitude 2165m). Au moment de rentrer sous la tente de ravito tenue par des militaires d’ailleurs fort bien sympa, j’aperçois Pierre qui soit disant m’a attendu, bizarre… ! (Est-il bien ?) On discute autour d’une soupe et d’une rondelle de saucisson. Il me dit : « j’ai eu écho que tu étais juste derrière, j’ai préféré attendre. Petit bout de chemin ensemble ? », « OK ». Direction Mare à boue, il y a des flaques d’eau énormes, on essaye tant bien que mal de les éviter, car déjà que le froid est là alors avec les pieds trempés  On s’engage dans une portion roulante et vallonnée, qui nous mènera à 1594m d’altitude. Mais très vite, les sentiers que nous empruntons se transforment en petit canyon avec l’eau qui s’écoule et le passage des coureurs précédents. Ça glisse dans tous les sens, pas facile.  Mare à boue porte bien son nom 

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Nous abordons la montée du Gîte du Piton des Neiges, là ou précisément j’avais eu un coup de moins bien en 2009 ; je suis donc vigilant à plus d’un titre, elle n’est pas difficile mais elle est très longue, pour pointer à 2484m.

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Le soleil commence à faire son apparition et dès le début il tape fort. Les arbustes balisant le chemin sont très nombreux dans des tons de bleu, fort joli, on se croirait d'ailleurs plongé en plein milieu d’une BD, mais malheureusement ils sont tout petits. On commence à croiser à nouveau des randonneurs qui au passage nous félicite et nous souhaite bonne chance. Pierre a à nouveau les fourmis dans les jambes, moi je maintiens l’allure, car la Diag’ n’est qu’à son début. On double Nicolas, un copain de Paris.

 

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A ce moment-là, Pierre commence à me lâcher quand j’aperçois le refuge un peu plus loin. Je m’en rappelle, un aller-retour pour pointer et puis c’est direction Cilaos. Je le rattrape au gîte après 11h15 de course ; 95ème  - content - Une petite soupe, et puis elle est tellement bonne qu’une 2ème. Pierre rentre dans le chalet pour aller aux toilettes, Nico arrive. Je rentre, et je vois Pierre en train de laver ses chaussures ou chaussettes… « Mais tu fais quoi là ? Ce n’est pas le moment ! » Nicolas repart… pfff n’importe quoi. Je me prépare à repartir et Pierre me dit de l’attendre, « bon ok, magne toi ! » Je suis dépité… En fait il est sans doute cramé. Je le connais ce n’est pas son genre de s’arrêter comme ça, ni même de dire que ça ne va pas. Enfin au bout de 10 min on repart, direction la descente de Cilaos, descente abrupte de 1270m en moins de 7km !

  

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Ouah le panorama sur Cilaos, p’tite vidéo … et c’est parti ! J’allume dans la descente quand Pierre me demande de l’attendre, « descend doucement » dit-il. Du coup, la descente est longue, les jambes claquent à chaque pas afin de ne pas prendre trop de vitesse. 1h10 de descente en S le long de la montagne, on arrive sur le même tronçon de route qu'en 2009 ; aïe ! il est affreux celui-là. Et encore une fois Pierre accélère, mais bon il ne prend que 200m d’avance.

 

Cilaos – Le Stade ! Enfin !!!! Content de le voir celui-là. En plus, c’est le retour à la civilisation connue ; Marie et Oliv' nous attendent depuis fort longtemps ; étant partit directement du départ. Petite discussion sous un air de samba ! Je filme la danseuse, et ses musiciens… c’est bien sympa ça.  On prend les sacs de rechange et direction les vestiaires. 114ème… pfff 20 places de perdu au Gîte, fait suer ! Malgré tout, je fais vite car je ne veux pas rester trop longtemps. Petit auto-massage des cuisses changement de chaussettes, chaussures et tenue.

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Pierre n’est toujours pas dans le vestiaire… il doit être au repas. Prêt à repartir, enfin une petite graine au passage… ce sera donc moins de 15min cool. Pierre rentre, commence à se déshabiller pour prendre la douche ; « tu abandonnes ? », « non, mais je repars frais… ! », « bon ok », alors j’ai le temps en 2/2, je prends donc également ma douche (froide…), ça remet les idées en place ^^ Je me rhabille, lui dis, je file manger et on part, ok ! Je passe devant Marie et Oliv’ papote un peu…je vais manger, pâtes / poulet /soupe. Bien sympa ! Nico arrive à table, je lui dis « on repart ensemble ? Je vais chercher Pierre pendant que tu manges ».

Arrivé dans les vestiaires, je découvre Pierre juste sorti de la douche…

« Dépêche Pierrot ! »

« oui, oui, un peu de crème et j’arrive »

Je suis finalement revenu 3 fois encore en le pressant… pfff allé !!!

Je sors, vois Nico, qui part.

Pierre arrive, pas pressé alors que je peste depuis 45min ! Il aura mis 1h15, non mais n’importe quoi !! Après les chaussures de tout à l’heure maintenant c’est le pompon.

 

On dit au revoir à nos accompagnants et à Maïdo…pas de bonne heure, dans la nuit sans doute.

Il est midi quand nous sortons de ce ravito et bien pas trop tôt !

 

Dès le départ de Cilaos, on plonge en contrebas de la route direction le site de la Cascade de Bras Rouge, pour ensuite remonter tout en haut de Taïbit, 3h d’une montée longue et éprouvante, en plus la chaleur la pluie s'étant depuis quelques temps invitée c’est un petit enfer. La descente passée, et 40min de montée plus tard, on arrive sur la route d'Ilet à Cordes ou un pointage et un ravito nous attendent avant le Taïbit ! (altitude 2029m) 800m de montée quasi d’une traite, avec un léger redoux dans le haut et la bascule sur Marla, en contrebas de 30 min.

 

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CIRQUE DE MAFATE :

 

Pointage : 138ème, je suis fou !!! Encore perdu 24 places à cause de cet arrêt à rallonge. Entre temps on a repris Nico, on montera ensemble après ces 5min de pause. Nous voilà partis dans cette montée infernale, personne ne parle tellement la côte est raide, la concentration est de mise. Au beau milieu, un ravito sauvage organisé par les rastas de Taïbit, nous permet une petite pause. En effet, ils ont concoctés un ti’ thé aux 3 plantes…Mmmm, je m’imagine déjà devant la télé en train de le siroté celui-là ! La réalité en est tout autre, malheureusement. Les visages sont marqués, un 2ème et on repart, sans mots dire. A peine 10min et la pluie s’invite….Aïe ! Il faut redoubler de vigilance pour ne pas glisser. Arrivé au col, jolie vu sur Marla en contrebas, comme les maisons sont petites ! 30min de descente, arrivée dans la cour de l’école pour le ravito, 120èmeposition. Je prends ma petite soupe sous les tentes, ça réchauffe, pendant que dehors ça s’écrase, un truc de fou… les coureurs prêt à repartir hésitent tous tellement il pleut. On voit les visages médusés, le moral en prend un coup. Bon, on ne peut pas perdre encore plus de temps, donc on part malgré tout, des escaliers en descente, encore…. On passe devant l’église ; curieux, on dirait une cabane ! Au bout de quelques minutes la pluie cesse enfin. Le Sentier Scout nous attendait, il faudra poursuivre encore quelques temps le chemin pour parcourir les 8km qui nous en séparait. 

Grand-Raid-2011-Les-3-roches-photo-organisation-Grand-Raid-ReunionMafate est merveilleux,entre traversée de ruisseau et montée abrupte, on en prend plein les yeux. Pendant un long moment, nous courons sur un sentier fait de rondins de bois mis les uns à côtés des autres, que c'est pénible et dangereux...ils sont à moitié dans l'eau ce qui les rend ultra glissant, je ne manque pas de me rattraper quelques fois, en plus la nuit commence à nouveau à tomber, il va falloir être vigilant. Quelques secondes d'arrêt à Sentier Scout (93ème kilomètres pour 19h40 de course, position 109ème).

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On a décroché Nico dans le col de Fourche, malgré une chute de ma part, ou j'ai quelque peu peiné à me remettre. Ilet à Bourse est le prochain objectif, nous poursuivons au maximum la course sans prendre la frontale afin de préserver les piles pour la nuit. 1H30 est passée quand Pierre rencontre une connaissance complètement par hasard, (un gars qu'il a connu en 2004 quand il était sur l'île), un crack le gars… Un habitant d'Ilet à Bourse donc ça tombe bien on va faire un bout de chemin ensemble. Ça nous permet de couper un peu la monotonie de la course, discutions et souvenirs. On entame la montée de l'Ilet, et franchement, j'ai limite le vertige même de nuit. Une montée ultra raide, dans des escaliers en dévers et en gravillons, d'une largeur de 60 cm max, et avec comme seul raccord à la réalité, une ligne de vie accrochée à la paroi... des lacets qui montent tellement qu'on peut limite voir celui du dessous alors qu'on vient juste de tourner... je ne suis pas du tout rassuré, Benoît me guide et me rassure quelque peu. « longe la paroi, tu ne crains rien, ne regarde pas le vide... » Après plusieurs dizaine de minute de montée, on arrive sur le plateau de l'Ilet. Pointage, 100ème, cool!! Je profite pour me passer vite fait de la crème sur les pieds car je commence à avoir les coussins qui sifflent un peu. On repart dans la foulée direction Grand Place puis Roche Plate, rien que ce petit périple va nous occuper pendant au moins 4h30… On trouve 2 copains de fortune, qui feront un bout de chemin avec nous avant de nous décrocher. Pierre s’arrêtant pour faire une pause, il est vrai que cette partie, que ce soit en montée ou en descente est vraiment abrupte ! Cela ressemble davantage à un mur d’escalade qu’à un sentier de randonnée.

 

 

 

Samedi 20 octobre, arrivée à Roche Plate à 00h00, je dis à Pierre, « je ferai bien un som' de 5min ! », il me  répond « non, non ». Il monte se faire masser, car il a un début de tendinite depuis un moment et comme un seul kiné est disponible… Pendant que je me faisais masser à mon tour, je surprends Pierre en train de dormir…pas cool du tout. Alors que la chair de poule me prend on décide de repartir au plus vite après un dernier ravitaillement avant d’affronter la paroi verticale de Maïdo ; plus de 1 200m de montée en même pas 4km…aïe !!! Celle-là même sur le tracé elle me filait la frousse. 

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Pendant cette ascension, comme celles précédentes, Pierre alterne marche lente voir très lente et les arrêts. Résultat de course de nombreux concurrents nous passent devant (je pointerai à la 120ème place à Maïdo Tête Dure). Dans la même lignée qu’à Ilet à Bourse, je passe la Brèche en cramponnant fortement la ligne de vie…là, les organisateurs avaient postés 2 personnes avec des éclairages afin d’avertir les coureurs sur les dangers de cette portion ; sur laquelle des gravillons et un dévers glissant ne me rassurait guère. Enfin, après ce passage délicat, on continu l’ascension…Pierre a pris un bâton pour l’aider et j’en fis de même car j’ai un mal de chien aux métatarses du pied. En effet, j’ai omis de desserrer mes chaussures dans la descente précédente, et du coup j’ai de très fortes lancés dans le pied, je ne peux pas forcer ; cette douleur disparaitra au fur et à mesure de la montée. Pierre va de moins en moins bien, je le convaincs donc d’abandonner en haut à Maïdo…car vu les difficultés et la longueur du parcours restant il ne tiendra jamais. Arrivés à Maïdo, c’est pour ma part avec grand plaisir que je retrouve Oliv et Marie. Pierre lui stoppera donc là ! Marie m’informe que Nico est passé depuis 1h ; on ne l’a même pas vu nous doubler…sans doute à Roche Plate… J’en profite pour me changer et me passer de la crème sur les pieds.

 

 

 

Seul,

 

Le plein de victuailles et je m’élance, seul, comme un fou dans une descente de 13km et de plus de 2h45 vers Sans Soucis. Je reprends les coureurs un à un…. J’attaque dans les descentes, relance dès que possible dans cette forêt de plus en plus dense. Ma frontale donne des signes de faiblesse, ce n’est pas bon signe, je suis obligé de tapoter les piles pour que l’éclairage s'agrandisse. Après 1h30 de descente,  changement de paysage, je rentre dans les champs de géranium, les senteurs sont exquises, j’aurai presque envie de me poser pour respirer et contempler le levé du soleil sur le Cirque de Mafate. Mais, 2h de descente que je qualifie d’infernale ; rondins de bois au travers de la route à enjamber avec des hauteurs différentes et des espacements aléatoires…c’est horrible, les jambes trinques ! Mais bon, il ne faut pas craquer…

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Je commence à doubler des coureurs qui se tiennent aux rambardes le long de la descente, entre chevilles en vrac et tendinites, il ne fait pas bon d’être dans leurs positions. J’arrive à Sans Soucis sur la route quand d’un coup je croise une fille qui m’encourage ; je lui réponds « merci », me retourne. Je m’arrête d’un coup : « oh Marie comment vas-tu ? »,  « oh Aurélien... »  (C’est une fille chez qui Pierre et moi étions allés en 2009, son père faisait le grand raid, que le monde est petit). Arrivé à l’école, lieu du ravito, un grand gâteau d’anniversaire concocté par les enfants pour le 20ème Grand Raid. Sympa !!! J’espère de mon côté pouvoir souffler les bougies à La Redoute. Ce ravitaillement m’a vraiment donné du baume au cœur ; des bénévoles super sympa et en plus ils ont fait des crêpes !!! NUTELLA SVP ! Comment ne pas résister même par temps de course….

 

Je repars, direction la Rivière des Galets puis Chemin Ratineau. Après une portion de descente dans des champs de canne laissés à l’abandon et jonchés de détritus je longe la rivière sur un chemin de poussière, pendant 3-4km… franchement nul cette partie : Chicot (l’organisateur) délire à plein tube ! En plus, j’avais sincèrement l’impression de courir dans une étuve tellement il faisait chaud. Et pourtant il n’était pas encore 7h lors de mon passage, mais déjà je transpirais à grosses gouttes. Je remonte de l’autre côté de cette rivière puis arrive sur un stade, ravito avec équipe de kiné. Je décide de me faire masser, tout en me restaurant. La bonne humeur est de mise, j’ai le droit à 2 masseurs ; 1 pour chaque jambes !!! Je crie quelque peu, cramponné sur la table car ils m’ont demandés, hard ou calme… alors quand on est fou… les autres masseuses alertent, « mais arrêtez, vous lui faite mal ! ». Je réponds « oui, mais c’est un mal pour un bien !!! ». Massage fini, je me dépêche je repars. Je reprends encore 2-3 coureurs sur une montée à lisière de falaise, au travers de champs de canne (là encore vraiment aucun intérêt). Au beau milieu, petit pointage papier sauvage : « vous êtes 84ème ! » OUAH trop content !!! Et dire que je vois le 6-7 autres juste devant moi.

 

 

 

La panne sèche,

 

Il est 12h30 quand j’entame la descente vers La Possession et là… la catastrophe, alors que je me sentais INVINCIBLE en seulement 300m… et oui 300 petits mètres ; plus de jus, la voiture est en panne sèche ! Le moral est intact, le physique également, mais je vis une sensation bizarre…je n’avance plus. S’en suis une longue descente aux enfers qui me fera passer de 629m à seulement 15m d’altitude plus de 3h30 après…alors qu’en temps normal 45min tout au plus et j’y étais. Je vais même moins vite qu’en marchant… je me bats, je lutte pour ne pas m’arrêter…finalement, un petit coup de fil à Marie. Je lui explique la situation, au début elle ne comprend pas et crois que je veux abandonner et m’encourage pour continuer, alors je lui explique que je serais à la Redoute coût que coût, mais que dans l’immédiat j’ai besoin de sommeil.  J’essaye de m’allonger sur le chemin, dans ce four (car là il fait chaud !), les pierres brûlent, mais impossible de faire un som’, les concurrents ne cessent de demander si ça va. Je repars donc…me fais doubler dans tous les sens et encourager de plus belle. Je croise un concurrent réunionnais assis sur une pierre, je lui demande ce qu’il a ; il me répond « je suis cuit, j’abandonne ». Là, je lui dis « non, mon gars suit moi, je suis pareil, on va au ravito et on dort, on finira ensemble même dimanche à 16h00 mais on finira ! » 

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Il me dit « pourquoi pas ; allé ! ». On part ensemble dans cette descente, il me double, je le repasse, etc… puis au bout d’un moment il me lâche et part devant… aïe ! Coup dur pour moi. J’arrive enfin à La Possession, je demande à des supporters de l’eau car n’ayant pas prévu de mettre autant de temps… j’ai pas eu assez de flotte. Un peu plus loin une dame, voyant mon état de détresse se met à courir à mes côtés, elle m’encourage, me dit de manger et de boire… je lui dis « j’ai plus rien ! ». Elle m’ouvre une barre de pâte d’amande et me force à manger, puis m’offre une boisson… elle fait un bout de chemin avec moi – puis me laisse ; je la remercie vivement. Certains spectateurs m’annoncent le ravito à 800m et au bout de 30min d’autres m’annoncent encore 800m… je peste, m’arrête encore faire l’aumône d’eau ! J’en pleurerai. Encore 2-3 indications foireuses… ce coup-ci ça y est, je l'aperçois !!!! ENFIN de nombreux supporters sont amassés de part et d’autre de la route, un nombre impressionnant. Ils me voient cuit, et là ils m’offrent un brouhaha d’applaudissement et même 3 vagues de ola !!! Les larmes me montent aux yeux. Le speaker demande à mon arrivée une ovation ; il me dit « blessé ? », je réponds « non ! Cuit, plus de jus ». Il m’affirme qu’effectivement j’ai l’air mentalement très bien. Il me glisse prend le ravito et vas dormir au fond de la cour. Je prends donc ce potage tant rêvé, et quelques bananes et autres victuailles et je file dormir. Je reçois énormément de SMS de soutien, on pense à moi, je dois finir !!! Je règle le téléphone 1h30 plus tard, je me pose sur le lit de camp, et en 10secondes je dors déjà malgré le bruit, la chaleur et le reste…

 

Et c’est reparti,

 

1h30 plus tard, je me réveille ; frais et dispos. Je regarde mon portable, plusieurs SMS d’inquiétude sont là ! Et un message de Marie me disant qu’elle m’attend à la sortie du ravitaillement. Je file au massage, j’ai encore le droit à 2 masseurs rien que pour moi ! Et même traitement, Hard !!! Je me cramponne encore à la table. J’en profite pour discuter avec un mec qui faisait Bourbon et qui avait les pieds en sang…  

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il me demandait ma recette pour avoir des pieds frais comme les miens. Massage fini, je repars avec la pêche direction Grande Chaloupe, Colorado mais surtout la Redoute. Mais ça ne sera semble-t-il pas avant la nuit. Sorti de l’école, Marie m’attend, (elle est seule, Oliv’ est parti en amont pensant qu’il venait à ma rencontre). Elle m’a amené du saucisson et de la Cilaos (eau gazeuse) ; trop cool. Elle m’accompagne un bout de chemin, on papote, je lui fais un condensé de mes péripéties ; ça me change les idées. Un petit groupe passe j’en profite pour les suivre car maintenant c’est Cap Anglais ; apparemment c’est dur tout le monde en parle. Ce chemin est effectivement compliqué pour les appuis, c’est des pierres de lave sur chant côte à côte….

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Sur 15km ! Heureusement, le ciel est couvert car là-dessus on aurait cuit, vu déjà la chaleur qu’il fait. Je cours avec un groupe de 3 jeunes filles qui font la Mascareigne pour la 1ere fois…on papote, de tout et de rien, le temps passe plus vite comme ça. On est remonté à 600m et maintenant nous voilà sur la descente de la Grande Chaloupe. Les 3 courses (Mascareigne, Bourbon et le Grand Raid) passent par ce même chemin et du coup pas facile du tout de doubler et comme pour moi l’objectif est fichu je reste sagement sur leur tempo, ça me va. J’en profite pour faire quelques films et photos (pour m’apercevoir au final que la caméra n’a pas fonctionnée à partir de ce moment jusqu'à l’arrivée…La Rage…pffff). Descente malgré tout éprouvante, j’arrive sur le chemin du ravitaillement, je suis interpelé par la TV pour une interview ! 3-4minutes de plaisanteries et bonne humeur, sympa les gars. Allé je file, une soupe, un coca, banane et c’est parti…GO !!! Je crois que j’ai la banane, pour ne pas dire la pêche ! Classement 211ème ; aïe ! 43h10 de course.

 

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Je reprends ma route, celle de la survie ! Même type de chemin que précédemment, même allure, je papote avec une bretonne et une basque, je leur souhaite bon courage j’accélère quand j’arrive à hauteur de 2 gars assis sur le muret ; je les encourage. Ils me disent « non on attend quelqu’un », et d’un coup tilt ; le gars me dit « mais je te connais ! Je suis le copain de Marie, tu es venu chez nous en 2009 ! », « Ah oui c’est vrai !! Oh le monde est petit », je lui réponds, « je l’ai croisé ce matin à Sans Soucis ». Il me dit, « j'attends sa mère d’une minute à l’autre ». Sur ce, elle arrive et là je m’aperçois que s’était la bretonne avec qui j’avais parlé, mais je ne l’avais pas reconnue sous sa casquette ! Et bien décidément… le hasard. On papote un peu, je lui dis que Pierre a abandonné à Maïdo et je repars. « Rendez-vous à La Redoute !!! » Je pète la forme donc je reprends des concurrents mais ils ne sont pas de la Diag', je trouve encore des petits groupes qui m’encourage. J’arrive sur une portion de route, par laquelle je traverse le dernier lotissement avant Saint Denis : ça sent bon la fin !!! Je me dépêche avant la tombée de la nuit, je sors la frontale ; je croise des concurrents qui me demande si j'ai des piles de rechanges, or les miennes montrent des signes de faiblesse, malheureusement pour eux et pour moi. Je pousse au maximum sans frontale, je devine certains appuis quand je me décide à l'allumer. Ça y est COLORADO et son ravito, je me lance à me dire que ce n'est pas l'Amérique mais que je m'en satisfais ! Allé dernières petites tartines de pâté de campagne Mmmm! J'hésite à danser avec l'orchestre présent mais bon... je suis quand même presser de rentrer. Colorado, descente que j'avais reconnue en 2009 et bien réalisée par la suite. 1H normalement, 1h de bonheur, 1h de patience et 1h d'attention.

 

 

 

Dernière ligne droite,

 

Je fonce après un appel disant que j'arrive ! J'enquille comme un malade dans la descente, je saute de rochers en rochers tel un cabri. J'arrive sur un groupe qui me laisse passer, mais très vite je tombe sur un groupe de 8 coureurs (de Mascareigne et Bourbon) mais malgré mes demandes, ils ne me laisseront pas passer...pffff pas bel esprit. Je peste mais impossible malgré de nombreuses tentatives. Je parviens 15 minutes plus tard en sautant de 1,50m en contrebas à en doubler une qui réplique, « laissons le passer celui-là puisqu'il veut aller plus vite que tout le monde » Non mais j'y crois pas ! C'est moi le chiant !!! Ça y est les lumières sont là, j'aperçois le pont sous lequel on doit passer, les lumières du stade, on entend la sono, l'extase!

 

Je passe sous ce pont, j'allume la caméra pour les souvenirs, je file le long de la route en récoltant les derniers encouragements et félicitations de ce grand raid. Je discute et exulte de joie, me voilà devant le panneau Stade de La Redoute ; le même devant lequel il y a quelques jours je me faisais photographier, le sourire pincé, le regard anxieux. Je rentre sous les acclamations du publique en cherchant du regard Marie et Oliv'.

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Pendant quelques instants, je suis en quelques sortes le sosie de Killian ! C'est génial ! Ah, j'ai trouvé Marie, je lui saute dans les bras, idem à Oliv', on en profite pour prendre des photos souvenir, aller il faut quand même la franchir cette ligne ! Main dans la main avec Marie, je file sous les acclamations direction l'arche d'arrivée. J'aperçois ma tête sur l'écran géant, le speaker annonce mon nom : Aurélien Simonet 219ème Fous en 46h44', ce moment n'est pas très long- sans perdre de temps, on m'enfile la médaille, encore quelques photos, et je signe le panneau de la Diag', et oui : « J'AI SURVECU !!!! ». Maintenant remise du tee shirt, j'ai le sourire jusqu’aux 2 oreilles, je n'arrive plus à penser au parcours, je suis un Survivant !!! On file sur le stade, 2-3 photos, je raconte un peu des anecdotes, on est interpelé par une dame avec qui on discutera pendant de longue minutes, tous sympathiques ! Après quelques étirements, direction une bonne douche puis un repas, et.... une bonne bière ! Et oui, j'y pensais depuis fort longtemps à ma Dodo !

 

 

 

aurelien diag

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Bilan, content et déçu. Déçu car si près du but…j’aspirais à un meilleur classement. Je m’en veux terriblement des pertes de temps aux ravitos de début de parcours qui m’ont pénalisé par la suite, j’entends par là, « la panne sèche ». Puis, content car le dépassement de soi était au rendez-vous, et il est à prendre en considération que sur la course il y a eu 52 % d'abandons... et que je suis dans les 48 % restant à la 219ème place sur 2 795 partants tout de même !!!!

 

 

 

Merci encore de votre soutien et de vos encouragements… à plus tard pour de nouvelles aventures….

 

 

 

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